dimanche 1 mars 2009

Anne| Son prénom était Françoise...

hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
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C'est là que nous vivions, au Corbusier.
Sa famille était déjà installée à notre arrivée en 1954.
La Maison du Fada n'attirait pas les foules.
Ce paquebot,

sortit de terre entre deux petits châteaux
et ce qui ressemblait encore à la campagne,
avait bien du mal à se faire une place.

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L'état, partie prenante de sa construction,
décida d'y loger des fonctionnaires.
Mon père en faisait partie.
D'autres appartements furent attribués
à ceux qui avaient subit des dommages de guerre.
Son père était de ceux-là.
Il était, d'après l'annuaire des habitants,
administrateur en chef. F.O.M.
Ce qui semble avoir un rapport avec l'Outre Mer,
mais tout ce que je sais, c'est qu'ils vivaient
entre Madagascar et Marseille.
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Nous étions proches parce que
nos mères participaient toutes deux aux Heures d'Amitié,
un mouvement lié à la paroisse.
Nous fréquentions les mêmes écoles.
Ils étaient six enfants et nous quatre,
mais aucune des trois filles n'avait mon âge.
Pomponette était plus jeune,
Annick avait trois ans de plus que moi
et Françoise sept ou huit ans...
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Elle s'est tuée à 19 ans sur son vélosolex
pendant un séjour à Tananarive.
Je garde simplement le souvenir de l'apparition
dans la chambre de mes parents, d'une photographie.
Un visage rayonnant, éclatant de vie,
que mon regard croisait tous les jours.
.
Ce n'est qu'un an plus tard que j'ai pris conscience
que ce sourire, cette jeunesse avaient disparu.
Pendant ces Heures d'Amitié
dont chaque réunion tournait autour d'un thème,
il y avait souvent la projection d'un petit film.
Qui avait bien pu décider du choix de celui-là,
Les rites funéraires à Madagascar ?
On y voyait l'exhumation des corps
et leur préparation définitive pour un dernier adieu.
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La réunion prit fin très vite,
Jacqueline, sa mère, ayant eu un malaise.
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C'est le récit de ce moment
qui m'a fait comprendre ce qu'était La Mort.
La disparition définitive, ce qu'il advient du corps.
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Pomponette qui avait une dizaine d'années,
expliquait qu'elle avait l'interdiction
de sortir du parc du Corbusier.
Interdiction qu'elle bravait en permanence.
Elle traversait le boulevard Michelet,
pour aller chez une amie au Parc Sévigné.
Et j'ai ressenti la douleur de la perte d'un enfant
et la crainte qui entoure la vie des autres.
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Je n'ai pas la photo de Françoise.
Cette enfant de 8 ans est sa soeur Annick.
Je tenais à ce que cette évocation se termine sur un sourire...
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Quelque chose d'impérieux m'a poussée à écrire ce texte. Je regardais les photos de classe de notre école. Je reconnaissais Annick mais pas Françoise. Il y avait bien cette fillette au visage fermé et presque triste. Mais s'est superposé celui que je connaissais, un sourire plein de vie et déjà mort. Je crois que ce que j'ai ressenti, c'est le besoin de le sortir de l'oubli.
La vraie mort, c'est lorsque plus personne ne parle de vous...

Quelque jours plus tard, quelque chose d'aussi impérieux m'a fait rechercher ses frères et soeurs.
J'en ai trouvé un. Je me suis souvenue aussi de la mort de l'un d'eux il y a quelques années. Je n'arrivais pas à mettre un visage sur ce prénom. J'ai écrit une lettre, je proposais cette photographie. Évoquait le lien de nos deux familles, et le souvenir des années où nous vivions côte à côte.
Je ne l'ai pas envoyée.  Je crois que l'évocation du passé de cette grande famille dont je sais la moitié déjà disparue pouvait être cruellement vécue. Je l'ai gardée... et l'ai perdue.





 
 Les battements de mon coeur
  




Poème pour mon amie







 
souvenirs d'enfance

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je me souviens d'Annick !
pas vraiment de Françoise car elle était plus âgée que moi mais à l'annonce de sa mort accidentelle nous en avons toutes parlées en classe avec les religieuses ...
Tu as raison de le dire la vraie mort c'est l'oubli!
Je viens de lire ton texte et
durant cet instant Francoise est revenue !