jeudi 29 juillet 2010

Nicole | Les découpages.

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 NICOLE 



Le papa est souvent absent.
La Maman est toujours très jolie.
Un chapeau orne parfois ses cheveux,
impeccablement peignés.
Ses vêtements sont  souvent à la dernière mode
et un sourire bienveillant resplendit sur son visage.
*
Les enfants ressemblent aux personnages  des livres de la comtesse de Ségur,
Sages et bien élevés comme les petites filles modèles.
Leur maison se trouve  dans une mallette en carton bleue,
rangée précieusement dans le secrétaire de ma chambre.

Ils  m'attendent...


Hier, j'ai  vraiment  été très sage et  Maman  comme d'habitude  m'a donné
ses plus vieux magazines de Modes et travaux.
Elle sait déjà que je vais passer des heures à rechercher dans leurs pages
tous ceux que je vais adopter.
La famille idéale.
Mes découpages.


Avant en guise de récompense
elle  m'achetait de grandes planches prédécoupées
ou une petite fille attendait pour être habillée .
Elle savait que j'en raffolais...
et la promesse d'en obtenir  toujours des nouvelles 
ne faisait que décupler 
mon dévouement et ma sagesse.



Aujourd'hui   j'ai  reçu  les vieux magazines de Modes et Travaux
avec des pages entières de personnages
et plaisir suprême je sais que je  n'ai plus vraiment l'obligation
 d' être très sage.



Sitôt découpée 
ma famille prend  soudain vie.
La maman parle toujours  en esquissant un  joli sourire,
 vêtue chaque jour  et  suivant la saison
d'un de ses plus beaux atours. 


Les enfants partent  à l'école en même temps que moi,
sont    en vacances le  jeudi
et  vont se baigner  les beaux jours d'été
avec  de   très jolis maillots  colorés.
 L'hiver,  ils  s'envolent vers  les sommets enneigés
 encapuchonnés dans de magnifiques anoraks blancs
et moi, 
je pars toujours  avec eux.

Je deviens ainsi  la maîtresse du monde.
Un  tout  petit à ma mesure ou toute chose devient parfaite.
Ce sont mes créations , ils m'obéissent.
Ils sont les gardiens de mes désirs et de mes envies.
C'est mon jeu préféré!
les découpages...



Aujourd'hui, le  rêve s'est réalisé 
 la petite fille est revenue.

Elle a retrouvé sa mallette en carton bleu, 
 et  les   personnages de papier   qu'elle  pensait  perdus  à  jamais  
se sont mis soudain à  parler  sur l'écran  de son  ordinateur .

Alors tout un pan de son passé revint à sa mémoire 
et si c'était elle qui avait inventé ce jeu quand elle  n'était encore qu'une enfant


Alors prenant sa plus belle  plume elle se mit à écrire sur la page des rêves perdus 

"J'aimerai vous raconter une histoire 
" Celle d'une petite fille  de dix ans qui aimait découper des poupées 
dans les magazines de sa maman..."


Nicole



mardi 27 juillet 2010

Anne | L'année de mes 9 ans...

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 ANNE 

............................
... fut celle qui illumina mon enfance.

Elle fut émouvante, par la naissance de mon petit frère François.




Importante, car j'avais enfin un visage qui me ressemblait.





Et surtout excitante...
A la faveur d'une conversation, surprise à la sauvette, je sus que moi, et moi seule, serai invitée au mariage de Jean-François, pour y être DEMOISELLE D'HONNEUR !
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L'attente dura deux jours avant que la nouvelle ne devint officielle. Elle me fut signifiée au cours d'un repas.
Je jouais à la perfection, mon rôle d'ingénue. Étonnée, ravie, en me gardant bien de rajouter pourquoi moi ?
Mes frères n'avaient pas besoin de savoir que les Garçons d'Honneur étaient déjà au complet. Ni ma sœur, que c'étaient ses 5 ans, qui l'avait mise hors course.
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Nous avions quelques comptes à régler, et je jubilais !
Ah tu as fini ma boite de Coco Boër, et bing.
Tu n'as pas voulu me prêter ton vélo, et bang.
Tu as rapporté que j'avais fait des tours de cours pendant les deux récréations, et bing et bang !
La déception qui se lisait sur leurs visages, était à la mesure de l'extase qui illuminait le mien !
J'eus pitié d'eux, je posais la question, mais la raison de mon invitation n'atténua en rien leurs regrets.

Car Jean-François n'était pas n'importe qui !
Sa mère, Tante Paulette, avait pour frère, Paul, ce grand-père que je n'ai pas connu, car il est mort à 36 ans quand mon père en avait 11.
Mais bien avant que Paul ne se marie, elle était une des meilleures amies de Blanche, ma grand-mère, qui enseignait à Barcelonnette, les maths, la physique et la chimie .


1919
Blanche, à skis, avec l'un des autres frères de Paulette,
lui aussi épris d'elle

1935


En juillet 1942, mon père, Pierrot, allait avoir 17 ans. Il avait son bac en poche, mais la guerre et l'éloignement de la Faculté de Montpellier, rendaient irréalisable son désir d'être médecin.
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C'était le début des vacances.
La famille allait quitter Millau où l'approvisionnement devenait une succession de jours sans, pour rejoindre Lacaune, les cousins fermiers, le cocon familial qui permettraient à tous de retrouver un peu de l'insouciance d'avant.
Il était jeune. A la rentrée, il attendrait la fin des hostilités. Il travaillerait, aidant ainsi ma grand-mère.
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C'est alors qu'il reçu une proposition qui allait changer le cours de sa vie.
Tante Paulette et Oncle Pierre, Lorrains expulsés par l'annexion allemande, s'étaient repliés dans un tranquille village de la Zone Libre. Ils invitaient mon père à les rejoindre.

Ce que furent les 3 années qu'il passa auprès d'eux mériterait des pages, et des pages...
Il quittait une famille éprouvée, déjà éclatée par le départ des aînés, où depuis 6 années il assumait la responsabilité d'Homme de la famille.


Il allait trouver un couple d'amoureux,




heureux parents de trois enfants de 6 à 2 ans.




Il n'eut pas à se faire une place, elle l'attendait...
.
Ce fut un grand-frère adulé, et il vécut enfin la vie d'un adolescent sans souci, sous l'aile protectrice de Tante Paulette, ravie d'avoir agrandie sa couvée.



L’Oncle Pierre fut pour lui, une figure paternelle et un modèle. Il sut si bien l'intéresser à son activité d'Ingénieur des Ponts et Chaussées, que mon père prit la décision de mettre ses pas dans les siens.
Il suivit des cours par correspondance, passa le concours d'Ingénieur, et à 20 ans il était le plus jeune diplômé de France.
.
La guerre venait de se terminer, les Lorrains rentrèrent chez eux, dans la liesse que l'on imagine.
L’Oncle Pierre très fier de son neveu, l'intégrât dans son équipe, où se trouvait déjà sa jeune secrétaire, Jacqueline.



Et c'est ainsi que se rencontrèrent mes parents.


Ma mère fut accueillie dans la famille,
les bras grands ouverts.

Au jeune Jean François
échut le rôle de chaperon.

Il fut à la hauteur de sa responsabilité, le regard toujours ailleurs, excepté pour faire des photographies, un peu floues, des amoureux...
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Lorsque nous leur rendions visite, Tante Paulette était radieuse. Elle regardait ces 5 enfants turbulents, comme des cadeaux tombés du ciel, et nous préparait des festins inoubliables.
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L'Oncle Pierre, que je n'ai jamais vu autrement que souriant et la pipe à la bouche, était l'adulte le plus charmant que j'ai jamais rencontré. Il s'intéressait à nous, mais différemment. Pas de qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? Tu es sage, tu travailles bien en classe ?
Nous parlions de nous, de ce que nous aimions faire, et surtout de nos bêtises. Il nous écoutait, ses yeux pétillaient de plaisir, nous le faisions rire et nous ressentions une adoration mutuelle qui papillonnait autour de nous.

Le mariage de Jean François, aurait lieu à Beaucaire, où la famille de Claire vivait depuis toujours.
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Je vécu les semaines suivantes dans l'agitation des préparatifs.
Je devais porter une robe en soie sauvage. J'ignorais ce que c'était, n'essayais même pas d'imaginer. Je m'emparai de ces mots, et les rangeais secrètement avec Clématite et les Jardins Suspendus de Babylone.

C'est une amie de ma mère qui fut chargée de la réalisation de l'œuvre d'art.
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Elle habitait comme nous au Corbusier,
et je ne me privais pas d'aller chez elle sans arrêt,
curieuse de toutes les étapes.

Je raffolais des essayages. Enfin, je pouvais m'identifier à ces mots rencontrés parfois dans mes lectures, elle se rendait chez sa couturière !


Au final, un petit défaut persistait.
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Le col, divisé en deux arrondis, semblait empli d'air. Malgré plusieurs retouches, il ne fut jamais vraiment tout à fait plat, mais j'étais plus intriguée que contrariée. En cachette, je donnais de petits coups d'épingle, j'appuyais fort et le regardais reprendre tranquillement son allure un peu bombée.
La longue ceinture qui se nouait dans le dos, ses pans qui tombaient de façon si gracieuse, effacèrent le col.
Et mes ballerines, à la mode, me faisait sauter de joie. Pour une fois, ma sœur n'était pas ma copie conforme !


Le grand jour arriva.
Les mariés étaient... merveilleux.




Et moi, j'étais grisée de mon importance.
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Au début du cortège, je remontais l'allée, tenant fièrement le voile de tulle d'une dizaine de mètres.
Jo, le petit frère de Jean François, était mon cavalier.


à Barcelonnette, un an avant le mariage

Nous avions le même âge, et tous nous répétaient que nous formions un si joli couple.
Nous nous entendions à merveille.
J'ai un peu oublié la réception qui suivit.
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Sans doute que notre devoir accompli, sans trébucher et avec tout le sérieux requis, notre intérêt s'était reporté vers ce qui sortait de vraiment de l'ordinaire.
Le buffet installé pour les enfants, et LA pièce-montée, magnifique avec ses minuscules mariés plantés au sommet.
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Nous étions d'accord, c'était un crime d'y toucher.
Et nous fûmes d'accord aussi pour y participer de bon appétit.

En fin d'après-midi, nous nous sommes faufilés dans une pièce dévolue aux jeunes pour une surprise-partie moins guindée que le bal. Un tourne-disque remplaçait l'orchestre. Tous dansaient. Nous regardions.
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Et puis je ne sais ce qui s'est passé, soudain une musique lente et mélancolique, remplaça les airs endiablés.
Nous nous sommes enlacés comme les autres, nos joues se sont rapprochées, nous avons commencé à tourner.
Le temps s'est suspendu.
J'avais grandi, j'ouvrai le bal à mon propre mariage.
Quand la musique s'est arrêtée, nous nous sommes regardés et j'ai su qu'il avait ressenti la même chose.

Les paroles étaient en anglais, mais peu de temps après, Les Compagnons de la Chansons ajoutèrent Vertes Campagnes à leur répertoire. Mes parents achetèrent le disque.
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Les paroles me troublèrent profondément, tant elles étaient proches de ce que j'avais vécu. J'eus la sensation de recevoir un signe du destin. Je les chantais très souvent.
Et ainsi se passa le temps, tandis que j'attendais la venue de mon prince charmant...

Anne




Verte campagne
où je suis née.
Verte campagne
de mes jeunes années.
La ville pleure,
et ses larmes de pluie,
dansent et meurent
sur mon cœur qui s'ennuie.
Et moi, je rêve de toi, oh mon ami

Verte campagne
que tu es loin.
Douce campagne
de mon premier chagrin.
Le temps s'efface,
pour moi, rien n'a changé,
deux bras m'enlacent
parmi les champs de blé.
Et moi, je rêve de toi, mon amour.

Là, dans la ville toutes ces mains tendues,
m'offrent des fleurs et des fruits inconnus.
Et moi, je vais le long des rues perdues,
un air de guitare me parle de toi...

Verte campagne
où je suis née.
Douce campagne
de mes jeunes années.
La ville chante,
éparpille sa joie.
La ville chante,
mais je ne l'entends pas.
Et moi, je rêve de toi, mon amour..
13 juillet

lundi 19 juillet 2010

Intermède |Devoir de Vacances 1

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DEVOIRS
DE
 VACANCES 
NOTRE PLUS GROS MENSONGE
 ................
Nous n'avons jamais écrit de texte ensemble. 
 Nous nous sommes hasardées un jour,
 à rédiger chacune sur le même thème. 
Le résultat fut si différent, 
que nous avons repris nos habitudes. 
Ce que l'on veut, quand on veut...
Et c'est très bien ainsi.
.
Voici un Intermède à épisodes.
Une partie de ping-pong.
Une façon d'aller à la pèche,
et de redécouvrir quelques secrets oubliés.
Tout en dévoilant, à travers eux,
nos personnalités de petites filles des années 50,
qui adoraient les vacances
et détestaient l'inventeur
de ces Devoirs de Vacances 
qui plaisaient tant à leurs parents.


A tour de rôle,
l'une propose un thème
et chacune le traite à sa façon
.
ANNE

.
Enfant, j'adorais mentir, sans avoir l'impression d'enfreindre une quelconque règle. Ce n'était pas l'avis des adultes qui se sentaient responsables de mon éducation. Punitions, fessées, promesses de ne pas recommencer... C'était plus fort que moi, à la première occasion, j'inventais à nouveau un monde à ma mesure.
.
Ce n'est pas un, mais deux mensonges qui arrivent ex æquo.
.
Le premier concerne une petite fille, à qui les Sœurs de notre petite École, auraient donné le Bon Dieu sans confession.

Tous les vendredis, avant la classe, il y avait une messe à laquelle nous étions libres d'aller. J'y fus assidue, sans doute pour le plaisir de quitter la maison, seule.
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Remarquant que je communiais et qu'au sortir de l'église, je restais à l'écart pendant que les autres dévoraient leur pain au chocolat, la Sœur Louis s'inquiéta. A jeun jusqu'à midi !
Sans me démonter, j'argumentais que je faisais semblant de déjeuner à la maison, mes parents refusant que je parte si tôt le ventre vide.
.
Ma piété fit rapidement le tour de l'École, et le vendredi suivant, me voilà attablée devant le meilleur des petits-déjeuners. 
Cacao bien crémeux, petits pains au lait tout frais, et tout autour de moi, des regards qui m'auraient fait me prendre moi-même pour une sainte.
Ce régal dura plusieurs mois. 
 .
J'ai oublié dans quelles circonstances il prit fin. Heureusement, cette histoire fut interprétée comme un malentendu et j'en sortit grandie.
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Mes parents ? Bien sûr que tu peux communier à la messe !
Les Sœurs ?   Tu vois, tout s'arrange, le Bon Dieu veille à tout !
Il veillait à tout, mais à dater de ce jour je dus, tristement, me contenter des tartines ordinaires, que j'avalais dans la cour comme les autres...
 .
.
 

Le second se passe un jeudi, 
au Corbusier où nous habitions.

Son surnom, la Maison du Fada  n'est sans doute pas étranger à la crédulité de deux de mes camarades de classe. J'avais réussi à leur faire accepter l'idée, qu'à côté de notre appartement, j'en avais un pour moi toute seule. 
Et les voici qui débarquent, avec leurs poupées et leurs landaus, pour passer l'après-midi dans mon chez-moi. 
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L'histoire se termine mal. Ma mère ne connaissant pas leurs parents refusa de les recevoir. Et pour cette invitation sans permission, punie dans ma chambre et interdiction d'en sortir.
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Mais qu'allais-je pouvoir inventer pour sauver la face le lendemain ?
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Je me lançais, sans filet, dans une explication peu crédible, qu'à ma grande surprise elles avalèrent sans sourciller.
D'abord, la dame était la bonne. Et comme elle ne faisait jamais le ménage dans mon appartement, elle en ignorait l'existence.
Ensuite, ma mère toujours absente le jeudi, interdisait que l'on reçoive des visites. Voilà ! 


C'est ce jour-là que je compris la signification de 
  J'ai eu chaud !

A toi, la suite !
.
NICOLE

 .
Je n'aimais pas trop mentir !
Tout d'abord parce que Maman m'avait avertie 
que lorsque je disais un mensonge
 elle s'en apercevait aussitôt,  
c'était écrit en lettres rouges au milieu de mon front
 et je le croyais!
Et puis aussi   
 pour ne pas faire de la peine à mon ange gardien qui me soufflait à l'oreille
 que ce n'était pas bien.



Mais je me souviens d'un mensonge énorme
dont le souvenir me fait encore honte aujourd'hui !
J'étais à l'école Coin Joli.
C'était la récréation !
Peut être pour me rendre intéressante
ou retenir l'attention  de mes petites camarades,
 je me mis à inventer une histoire fort  rocambolesque 
semblant sortir tout droit d'un des contes de Perrault ou d'Andersen.
.
Je me mis à chuchoter à mes petites amies ébahies,
que mon goûter était peut être empoisonné.
Je dis bien "peut être" car je comptais bien le manger
devant leurs visages horrifiées.
Acculée devant leurs questions pressantes,
et voyant que le jeu fonctionnait à merveille,
 le mensonge devenant  rapidement  réalité,
 je me mis à leur raconter
 sans sourciller le moins du monde,
et sans aucun remords,
que j'étais une princesse mais que...
 personne ne le savait.
.
Soudain, l'admiration, l'étonnement et l'intérêt
 suscités par ma révélation  sur le visage de mes amies, 
me firent tellement d'effet que transportée  par mon histoire,
je  devins  de plus en  plus convaincante
me prenant moi même à mon propre piège.
Tous les regards interrogateurs de mes camarades fixés sur moi
dans l'attente de la suite du récit, m'encouragèrent vivement  à poursuivre. 
Et voilà que j'inventais de plus belle.
Leur racontant que j'avais été adoptée puis cachée dès ma naissance,
 à cause de vilains méchants qui voulaient me faire disparaitre,
 pour quelque raison inconnue que je n'avais certes pas encore élaborée, 
et qu'à tout moment,
 ils pouvaient transformer mon simple pain au chocolat  
 en un horrible goûter empoisonné.
  J'étais en danger tous les jours !
Et j'en rajoutais....j'en rajoutais....


Me rendant rapidement compte
de l'excitation que l'histoire provoquait sur leurs visages 
 et  voyant leurs mines perplexes et horrifiées ,
je les rassurais en  leur disant
que le pain au chocolat que je tenais dans la main ,
  n'était peut être pas le fatal goûter.


 Tout en maintenant le suspense,
Je terminais mon récit en affirmant à mon attentif entourage,
 qu'un jour le monde découvrirait  qui  j'étais vraiment, 
 et que je n'aurais plus jamais rien à craindre.
 J'avais bien sûr agrémenté  mon récit de maints détails plus  farfelus et plus originaux
 les uns que les autres.

 Tout en  faisant mine de ne pas entendre leurs cris
"Ne le mange pas !"
j'entamais mon goûter avec délectation.
Contemplant sur leurs visages terrifiés,
avec une  fierté toute empreinte de  remords,
   l'admiration provoquée par mon geste courageux.
.
Je ne saurais jamais si elles ont vraiment cru à mon histoire
ou si elles ont toutes fait semblant.
Mais je fus tellement convaincante,
que pendant le temps d'une récréation,
je  fus  persuadée moi aussi que tout était vrai..
.
.
Messieurs les Psychanalystes
 ne voyez surtout  pas dans ce récit  un sujet d'analyse,
 mais seulement une petite fille dont l'imagination débordante,
a fait que ce jour là,
elle avait envie d'être une Autre.
.
             Nicole28 juin