mercredi 10 février 2010

Anne | Les cheveux en quatre !

.
J'avais à ma naissance,
exactement le genre de coiffure
que je mis neuf années à obtenir!








J'ai grandi

J'ai
changé
et
j'eus
bientôt
la plus
belle
collection
de rubans
DE TOUTE
l'école.

Je détestais ça!
Mais à l'époque, il n'était pas question
de sortir sans coiffure.

Chaque mère avait son idée sur la question.
La mienne aimait les chignons.
Et tous les matins,
je retrouvais dans la glace,
cette image de petite fille sage
qui me ressemblait si peu.


Le soir j'allais au lit sans me décoiffer.
Et au réveil,
j'adorais  ces petites mèches indisciplinées.


Malgré mes protestations,
elles avaient vite fait de rentrer dans le rang.

Si au moins j'avais eu droit aux tresses.
Mais c'était la coiffure des moments
décontractés.


Je me mis à me rebeller,
en dénouant mes rubans
avant d'arriver à l'école.
Ce qui me valait, le soir, quelques punitions
que j'acceptais sans broncher.
J'en avais bien profité...

Le dimanche après-midi,
je profitais de la grande liberté
dont nous jouissions au Corbusier,
pour aller me promener avec une coiffure
que j'avais décrétée, à la mode.
Je laissais pendre mes cheveux.
Nouant sur ma tête,
un petit foulard de coton blanc,
imprimé de jolis bateaux rouges aux voiles bleues.
Mes cheveux me paraissaient plus longs,
et je trouvais que je ressemblais
à une vedette de cinéma !

Le Corbusier commençait à être connu,
sans doute à cause de son surnom
La maison du Fada,
et attirait quelques visiteurs.
Parfois Anglais ou Américains.
 Séduits par ces enfants s'amusant sans parent,
ils nous prenaient en photo.

Cliquez sur la photo pour l'agrandir

J'étais ravie.
Je les imaginais journalistes,
et mon portrait en première page, ailleurs.
Après leur départ,
nous faisions croire aux petits
que nous maîtrisions parfaitement leur langue,
et nous les épations en charabia improvisé.
Nous étions si convaincants
que nous finissions par y croire nous-même !

Et puis, j'ai eu envie de ressembler à un garçon,
et tentais de convaincre mes parents
de me faire couper les cheveux
COURTS.

C'était l'époque où,
tête en l'air et bavardant pendant les dictées,
j'alignais les zéros.
Un dimanche soir, devant mon cahier
 et son zéro hebdomadaire,
mon père, excédé, me lance
Ramène un 10 en dictée
Et le lendemain tu vas chez le coiffeur!
  
Lundi matin, orthographe.
Je piaffais d'impatience.
J'écoute ATTENTIVEMENT.
Jette un oeil en coin vers ma voisine.
J'avais un doute sur un mot,
 le sien avait l'air mieux,
je corrige,
et
Zéro... faute !
A la surprise générale !
Mais j'ai trouvé ça tout à fait normal.
Et cela a continué.
A dater de ce jour, j'ai toujours eu
d'excellentes notes en dictée.

Mon père a tenu sa promesse,
et a immortalisé ce moment.


Je n'aimais pas ce visage.
Je sortais de chez le coiffeur.
Heureusement,
une fois la tête sous l'eau,
les crans eurent vite fait de disparaître.




Me voilà,
Telle que je rêvais d'être.

J'ai eu cette coupe
Pratiquement toute ma vie,
Et je l'ai encore...

Mon visage a un peu changé.
Pas le regard
malicieux,
ni l'état d'esprit
qui l'a toujours accompagné !
Si bien que je ne reconnais pas vraiment
celle que j'aperçois au premier coup d'oeil
dans un miroir.
En l'étudiant mieux, c'est L'Autre que je vois.
Celle qui a empêché les années
de s'ajouter les unes aux autres.
Celle qui a détourné de moi ma vieillesse.
.
Ce n'est  pas demain que je crierai
Au voleur! ...

Anne







Souvenirs d'enfance
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