Je ne savais jamais ou il serait l'homme au pardessus beige .
Il surgissait parfois de nulle part sur le chemin de mon école.
Souvent je l'entendais avant même de l'apercevoir,
et parfois ce fut l'inverse.
et parfois ce fut l'inverse.
Il criait "A bas les Français " d'une voix rauque et tonitruante.
Les enfants se moquaient de lui,
les parents changeaient de trottoir,
baissaient les yeux,
il ne fallait pas le voir !
Je ne sais ou il dormait l'homme au pardessus beige
dans la rue peut être.
baissaient les yeux,
il ne fallait pas le voir !
Je ne sais ou il dormait l'homme au pardessus beige
dans la rue peut être.
ou bien nulle part !
Parfois, il attendait devant la petite porte de l'école
le morceau de pain et de jambon que lui avait préparé
le morceau de pain et de jambon que lui avait préparé
Sœur Marie Monique
dans le silence du réfectoire vide.
dans le silence du réfectoire vide.
Puis, toujours d'un pas mal assuré
il repartait,
titubant vers ce nulle part.
Son nouveau toit.
il repartait,
titubant vers ce nulle part.
Son nouveau toit.
Il était immense dans son pardessus beige
et pourtant il semblait si fragile, si vulnérable .
Il avait tout perdu.
et pourtant il semblait si fragile, si vulnérable .
Il avait tout perdu.
Famille, femme, enfants pendant cette satanée guerre d'Algérie.
Il ne lui restait plus rien,
seulement comme compagne cette bouteille vide posée à ses cotés
seulement comme compagne cette bouteille vide posée à ses cotés
et cette voix forte pour hurler sa détresse.
Il s'appelait Charlie l' homme au pardessus beige.
Il s'appelait Charlie l' homme au pardessus beige.
Et ce jour là,
sans doute pour la première fois,
la réalité de la vie me sautât cruellement au visage.
sans doute pour la première fois,
la réalité de la vie me sautât cruellement au visage.
Nicole.
En mémoire à Charlie le premier SDF
que je connus sur le chemin de mon école.
3 commentaires:
tu es revenue super, c'est tellement agréable de remonter le temps avec toi. Merci
à bientôt
manouedith
Tu réveilles un souvenir sonore.
Cette voix, je l'entends sans y associer avec netteté la silhouette à qui elle appartenait. Je devais être très jeune encore, car je me souviens que nous avions adopté ce cri, mes frères et moi, et qu'il ressortait au cours de nos jeux d'enfants.
Dénué de tout sens, c'était comme un seul mot, à ne pas dire en présence des parents, aussi anodin pour nous que "et mon cul c'est du poulet ?" ou "pas de témoins, pas de papiers, vas te laver les pieds !", dont l'origine reste mystérieuse.
Mais cet "A bas les français", il me revient comme une claque. Nous le prenions pour un fou et adopter ce cri, c'était signifier qu'il "n'appartenait pas."
Extérieur à ce monde étriqué que bâtissait autour de nous nos parents. Un monde normatif à l'excès, où le seuil de différence était placé très bas, et où nous apprenions à rejeter tout ce qui était en deçà.
A bas les français, silence, A bas les français, silence, A bas les français, silence...
Une litanie qui me confronte à cette étroitesse d'esprit, où rien jamais ne nous était expliqué, argumenté. Où nous fut refusé la moindre velléité de décider par nous même, d'élaborer une réflexion qui puisse aller à l'encontre du dogme.
Ce fut si insidieux, qu'aujourd'hui encore, il m'arrive de lutter pour que mon cerveau rationnel domine certains jugements spontanés dont j'ai honte.
A bas les français. Il reprend vie maintenant. Et je le respecte.
en faisant mon dernier billet, j'ai pensé à toi
à bientôt
manouedith
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