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NICOLE
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A l'arrivée des beaux jours,
mes grands parents partaient en vacances dans leur maison de campagne
à la Penne sur huveaune.
Cela se passait bien avant ma naissance !
Comme le petit Marcel dans les livres de Pagnol,
ils prenaient le tramway sur le boulevard Chave en direction d'Aubagne,
passaient devant les villages de la Pomme, Saint Marcel, la Barasse, la
Millière
pour descendre enfin à l'arrêt de la Penne, les bras chargés de valises.
Le paysage que nous offre aujourd'hui cette petite commune entre
Marseille et Aubagne
n'a plus rien à voir avec celui de mon enfance
et pourtant lorsque je fais un détour par là, tout me semble encore si
familier.
Seuls demeurent intacts, la vieille église et le cimetière.
A leurs vues les images et les souvenirs reviennent
faisant renaître la petite fille d'antan tenant la main de sa grand
mère...
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A la descente du tramway, une longue marche commençait sous le
soleil de Juillet..
Tout le paysage me paraissait soudain gigantesque.
Rassurée, heureuse protégée d'un coté par Grand maman,
ma main blottie dans la sienne et de l'autre par Grand papa portant les
valises.
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Tout d'abord il fallait longer l'église du village ,
puis le vieux cimetière dont les murs donnaient sur la route.
Ils n'étaient pas assez hauts pour cacher les croix des tombes
en "pierre de Cassis."
et à leur vue
Surgissait alors dans mon petit esprit une grande interrogation!
"Dis Grand maman, c'est quoi ?"
"C'est le cimetière ma petite chérie !
l' endroit ou vont se reposer les gens lorsqu'ils sont bien vieux et bien
fatigués..."
un temps de silence marquait la pause .
"Dis Grand maman est ce que tu as envie d 'aller te reposer là ?"
"Le plus tard possible , ma chérie "
répondait elle alors d'un ton
qui se voulait rassurant.
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En ce temps là , j'avais quatre ans.
Et c'est là, sur le chemin qui montait vers la maison des vacances
que je compris pour la première fois qu'ils se passaient des choses
mystérieuses
dont les grandes personnes n'aimaient pas trop parler.
Grand maman changeait rapidement de sujet et l'insouciance
reprenait sitôt sa place.
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Passé le mur du cimetière, nous apercevions alors au détour du
chemin la grande laiterie .
A sa vue, je savais qu'il faudrait encore faire une bonne petite
marche avant d' arriver à la traverse Reine .
Puis qu' il faudrait emprunter le chemin caillouteux de la colline avant
d'atteindre
la maison aux volets bleus.
et " le signal" du début des vacances.
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Pas d'eau au robinet, pas d'électricité, mais peu importait!
Plus de bruit de voitures, plus la chaleur étouffante de la ville les jours
d'été,
seulement la colline aux multiples senteurs,
le chant des cigales,
la lampe à huile posée sur la table le soir venu
et l'eau fraîche du puits.
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Mes pensées s'attardent encore avec nostalgie sur cette petite maison qui
a marquée de façon indélébile une partie de mon enfance.
Comme si elle avait tissée des liens entre cette époque qui aujourd'hui me
parait révolue
et pourtant encore si proche ._ ________________________________________________
Avant ma naissance, c'était déjà le lieu des rendez vous familiaux.
Grandes fêtes, communions, anniversaires, fiançailles ,
tout se passait à la Penne.
Point d'ancrage de cousins, cousines, oncles et tantes,
témoins de l'enfance et de la jeunesse de mon père et de ma tante.
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Tous les ans, mon grand papa féru de cinéma descendait le projecteur pathe baby de
la "soupente" de la cuisine pour nous faire revivre ces évènements
joyeux sur l'écran blanc.
Souvenirs fixés à tout jamais sur une pellicule.
Images sans paroles, en couleur sépia ,
que grand papa aimait accompagner au piano
pour le plus grand plaisir de tous.
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Cette maison mon père l'aimait!
Même à la fin de sa vie, à sa seule évocation surgissait ,
dans ses yeux une petite étincelle
comme si tout à coup le petit garçon qu'il avait été
revenait là, pour me raconter.
Les images magiques se déroulaient alors sur l'écran de mon
imagination
comme au cinéma lorsque les lumières s'éteignent.
Son enfance, ses parents, son adolescence ,
il me les racontait inlassablement comme s'il venait de les redécouvrir lui même.
Cette maison d'enfance je l'avais faite mienne,
comme si dans ses vieux murs de pierre
je ressentais encore la joie de tous ces rires que je n'avais pas
connus.
Maintenant, c'était à mon tour!
avec bienveillance elle m'invitait à sa table.
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Temps lointain ou une petite fille insouciante
courait dans la colline en criant
"Pierre, Pierre je suis là !"
"Pierre, Pierre"
était le fils cadet d'une famille du village de la Penne et sûrement en ce temps là
mon premier compagnon de jeux.
Sa maison se trouvait au début de la traverse Reine.
Des volets bleus du premier étage ,
on pouvait l'apercevoir au travers des grands pins.
Ses parents y vivaient toute l'année.
Mais lorsque approchait le temps des vacances,
Pierre savait que j'allais arriver.
Le chien que j'aimais s'appelait "Kinou ".
J'ai toujours pensé qu'il était mien.
Tata et Loulou étaient ses maitres
des Amis proches de mes parents.
.
En âge de "chien"
nous étions jumeaux !
mais ce que je ne savais pas encore,
c'est qu'il allait devenir bien vite plus grand que moi
et que le temps passant,
nous serions bientôt inséparables.
Comment décrire l'attachement de ce chien envers cette petite fille,
à qui il laissait des prérogatives interdites aux grandes personnes,
qui pouvait lui mettre la main dans la gueule sans qu'il ne la referme
de peur de la blesser
et qu'il excusait de ses bêtises en grognant après ceux qui la grondait.
Bien sur à cette époque je n'en avais pas vraiment conscience ,
tout
cela m'a été rapporté.
Puis vint l'heure de la séparation lors de notre départ pour Sète
ou nous allions désormais résider pendant 4 années
avant notre retour à Marseille.
La perte de ce petit compagnon ajoutée au chagrin de
l'éloignement
avec mes grands parents fut difficile.
Mais je vais dire un secret.
Les chiens n'oublient jamais, leur attachement est sans faille.
Seul compte la joie de l'instant et celui des retrouvailles.
Malgré l'éloignement ,
à quatre ans je savais déjà
que je resterais son amie pour
toute la vie.
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Des années bien plus tard,
j'avais alors 12 ans
un autre" Kinou " trouvé par mon père parti à la chasse
dans les collines de Beaumont de Pertuis viendra trouver refuge chez
nous.
Sans doute pour faire revivre le premier !
Mais ceci est encore une autre histoire .
Nicole