jeudi 28 mai 2009

Nicole | Intermède.

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NICOLE








Je n'aurais jamais pensé lorsque j'ai commencé à écrire sur ce blog
que je serais partie fouiller aussi loin dans ma mémoire.

Comme ces images gravées à tout jamais sur une pellicule,
 les impressions et les sentiments demeurent intacts
 et le film  défile avec une facilité parfois déconcertante.

Lorsque j'étais enfant,
 je croyais que ma vie se déroulait comme au cinéma.
J' étais la vedette du film.
"ON" me regardait !


L' idée peut paraître saugrenue et  singulière,
mais  elle m'a permise d'apprendre la retenue.
Il fallait que je sois toujours correcte envers les autres,
que je me tienne bien,
que je sois polie, obéissante, charitable
 et respectueuse...

Mon imagination  fantasque s'amusait à déborder
et le "monde" que j'inventais  et dans lequel j'évoluais
était sans contexte à mes yeux
exceptionnel.

Je ne peux expliquer
la raison qui me pousse à écrire tout cela  aujourd'hui !
Les mots jaillissent, se bousculent presque à mon insu
pour couler comme l'eau de la source
 de Beaumont de Pertuis, le petit village Provençal,
ou j'ai passé toutes les vacances de mon enfance 
et de mon adolescence.
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Aurais je alors compris que tout est illusoire et éphémère,
que chaque instant de magie doit être vécu comme le dernier.
Je suis tentée de dire " Pouce" à  l' implacable passage du temps
qui file entre mes doigts 
tel que  je le faisais enfant dans la cour de récréation
 lorsque je voulais arrêter le jeu.

Voici   qu'aujourd'hui
je ressens l'envie de parler de mon père qui était merveilleux,
de ma mère qui me manque terriblement,
des sauterelles que mon grand père attrapait  à la Penne  pour m'amuser,
de l'eau fraîche qui remontait du puits les jours d'été,
des berceuses que chantait ma grand mère,
et des délicieux flans aux œufs de ma  tatie Toinette.
 De toutes ces petites choses insignifiantes
 qui inexorablement 
au fil des jours
tissent  la trame d'une vie.
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Nicole.


5. Anne
Intermède en miroir 

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mercredi 27 mai 2009

Anne | Que reste t'il de tout cela...?

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Notre école était Paroissiale,
et elle n'était séparée de son Église
que par une portion de trottoir
d'à peine quatre ou cinq maisons.
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A l'image de ce voisinage,
la religion était partie prenante de notre vie.
C'était là, présent dans l'air que nous respirions.
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L'affection que nous portaient les Soeurs
qui veillait sur nous,
L'Abbé Pirot que je trouvais très drôle,
cela nous parlaient plus que de long discours.

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Les aller-retours entre l'école et l'église
faisaient partie de notre quotidien.
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Et pour cette récréation supplémentaire
nous sortions en rang joyeux,
profitant du cours trajet comme d'une promenade.
Nous arrivions très vite sur la petite place,
que nous avions intégrée dans notre territoire.
Nous y étions chez nous
et c'était un espace où se côtoyaient nos deux vies.
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La statue du Monument aux Morts .
La vitrine de la mercerie.
L'épicier qui installait son étal.
Les personnes que nous croisions
en les saluant poliment,
et qui nous répondaient d'un sourire.
Les grands arbres dont les silhouettes
variaient au fil des saisons...
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Chaque année, en Mai
c'était Le Mois de Marie.
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Sur l'autel un magnifique Reposoir
débordait de bouquets de fleurs blanches.
L'Église, ses portes ouvertes à deux battants
embaumait jusque sur la Place.
Tous les jours, nous quittions l'école plus tôt,
pour aller accomplir nos dévotions.
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Sans doute s'y mêlait-il une joie toute païenne.
.Nous adorions cette période de l'année
qui précédait de peu les vacances.
L'air était doux, les platanes couverts de feuilles.
Nos vêtements, plus légers.
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Nous avions chaussés nos sandalettes
et nos orteils enfin libres, remuaient à l'aise.
Nos cheveux étaient chahutés par un léger mistral,
qui nous fournissait une excuse,
quand nous défaisions tresses ou chignons.
C'est le vent répondions nous avec aplomb !
Ce mensonge là, il ne nous serait même pas
venu à l'idée de le confesser.
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Etait-ce notre faute à nous
si le printemps bouleversait notre corps
et lui donnait envie de prendre son envol... ?
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Les fleurs qu'on retrouve dans un livre
dont le parfum vous enivre
se sont envolées pourquoi ?
Que reste t'il de ces beaux jours ?
Une photo, vieille photo
de ma jeunesse.
Un p'tit village, un vieux clocher
et dans un nuage
le cher visage de mon passé...

 

lundi 25 mai 2009

Nicole | La Penne et Kinou. Une histoire d'amour....

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NICOLE
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A l'arrivée des beaux jours,
mes grands parents partaient en vacances dans leur maison de campagne
à la Penne sur huveaune.

Cela se passait bien avant ma naissance !

Comme le petit Marcel dans les livres de Pagnol,
ils prenaient le tramway sur le boulevard Chave en direction d'Aubagne,
passaient devant les villages de la Pomme, Saint Marcel, la Barasse, la Millière
pour descendre enfin à l'arrêt de la Penne, les bras chargés de valises.

Le paysage que nous offre aujourd'hui cette petite commune entre Marseille et Aubagne
n'a plus rien à voir avec celui de mon enfance
et pourtant lorsque je fais un détour par là, tout me semble encore si familier.
Seuls demeurent intacts, la vieille église et le cimetière.
A leurs vues les images et les souvenirs reviennent
faisant renaître la petite fille d'antan tenant la main de sa grand mère...
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A la descente du tramway,  une longue marche  commençait sous le soleil de Juillet..
Tout le paysage me paraissait soudain gigantesque.
Rassurée, heureuse protégée d'un coté par Grand maman,
ma main blottie dans la sienne et de l'autre par Grand papa portant les valises.
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Tout d'abord il fallait longer l'église du village ,
puis le vieux cimetière dont les murs donnaient sur la route.
Ils  n'étaient  pas assez hauts pour cacher les croix des tombes en "pierre de Cassis."
 et à  leur vue
Surgissait alors dans mon petit esprit une grande interrogation!
"Dis Grand maman, c'est quoi ?"
"C'est le cimetière ma petite chérie !
l' endroit ou vont se reposer les gens lorsqu'ils sont bien vieux et bien fatigués..."
un temps de silence marquait la pause .
"Dis Grand maman est ce que tu as envie d 'aller te reposer là ?"
"Le plus tard possible , ma chérie " 
répondait elle alors d'un ton qui se voulait rassurant.
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En ce temps là , j'avais quatre ans.
Et c'est là,  sur le chemin qui montait vers la maison des vacances
que je compris  pour la première fois qu'ils se passaient des choses mystérieuses
dont les grandes personnes n'aimaient pas trop parler.
Grand maman changeait rapidement  de sujet et l'insouciance reprenait sitôt sa place.
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Passé le  mur du cimetière, nous apercevions alors  au détour du chemin la grande laiterie .
A sa vue,  je savais qu'il faudrait encore  faire une bonne petite marche avant d' arriver à la traverse Reine .
Puis qu' il faudrait emprunter le chemin caillouteux de la colline avant d'atteindre
la maison aux volets bleus.
et " le signal" du début des vacances.
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Pas d'eau au robinet, pas d'électricité, mais peu importait!
Plus de bruit de voitures, plus la chaleur étouffante de la ville les jours d'été,
seulement la colline aux multiples senteurs, 
le chant des cigales,
la lampe à huile posée sur la table le soir venu
et l'eau fraîche du puits.

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Mes pensées s'attardent encore avec nostalgie sur cette petite maison qui a marquée de façon indélébile une partie de mon enfance.
Comme si elle avait tissée des liens entre cette époque qui  aujourd'hui me parait révolue
                et  pourtant encore   si proche ._ ________________________________________________
Avant ma naissance, c'était déjà le lieu des rendez vous familiaux.
Grandes fêtes, communions, anniversaires, fiançailles ,
tout se passait à la Penne.
Point d'ancrage de cousins, cousines, oncles et tantes,
témoins de l'enfance et de la jeunesse de mon père et de ma tante.
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Tous les ans, mon grand papa  féru de cinéma descendait le projecteur pathe baby de la "soupente" de la cuisine  pour nous faire revivre ces évènements joyeux  sur l'écran blanc.
Souvenirs fixés à tout jamais sur une  pellicule.
Images sans paroles, en couleur sépia ,
que grand papa aimait accompagner au piano
pour le plus grand plaisir de tous.
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Cette maison mon père l'aimait!
Même à la fin de sa vie, à sa seule évocation surgissait ,
dans ses yeux   une petite étincelle
comme si tout à coup le petit garçon qu'il avait été
revenait là, pour me raconter.
Les images magiques se déroulaient alors sur l'écran  de mon imagination
comme au cinéma lorsque les lumières s'éteignent.
 Son enfance, ses parents, son adolescence ,
il me les racontait inlassablement  comme s'il venait de   les  redécouvrir lui même.

Cette maison d'enfance je l'avais faite mienne,
comme si dans ses vieux murs de pierre
je ressentais encore la joie de tous ces rires que je n'avais pas connus.
Maintenant, c'était à  mon tour!
avec bienveillance  elle m'invitait à sa table.
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Temps lointain  ou  une  petite fille insouciante
courait  dans la colline en criant
"Pierre, Pierre je suis là !"



"Pierre, Pierre"
était le fils cadet d'une famille du village de la Penne  et sûrement en ce temps là
mon premier compagnon de jeux.
Sa maison se trouvait au début de la traverse Reine.
Des volets bleus du premier étage ,
on pouvait l'apercevoir au travers des grands pins.
Ses parents y vivaient toute l'année.
Mais lorsque approchait le temps des vacances,
Pierre savait que j'allais arriver.




Le chien que j'aimais s'appelait "Kinou ".
 J'ai toujours pensé qu'il était mien.

Tata et Loulou étaient ses maitres 
des Amis proches de mes parents. 
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En âge de "chien"
nous étions jumeaux !
mais ce que je ne savais pas encore,
c'est qu'il allait devenir  bien vite  plus grand que moi
et que le temps passant,
nous serions  bientôt inséparables.
Comment décrire l'attachement de ce chien envers cette petite fille,
à qui il laissait des prérogatives interdites aux grandes personnes,
qui pouvait lui mettre la main dans la gueule sans qu'il ne  la referme de peur de la blesser
et qu'il excusait de ses bêtises en grognant après ceux qui la grondait.
Bien sur à cette époque je n'en avais pas  vraiment conscience , 
tout cela m'a été rapporté.


Puis vint l'heure de la séparation lors de  notre départ pour Sète
ou nous allions désormais résider pendant 4 années
avant notre retour à Marseille.
La perte de ce petit compagnon ajoutée au chagrin de l'éloignement 
avec  mes grands parents fut difficile.




Mais je vais dire un secret.
Les chiens n'oublient jamais, leur attachement est sans faille.
Seul compte la joie de l'instant et celui des retrouvailles.

Malgré l'éloignement ,
 à quatre ans  je savais   déjà
 que je resterais son amie pour toute la vie.




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Des années bien  plus tard,
j'avais alors 12 ans 
un autre" Kinou " trouvé  par mon père parti à la chasse
 dans les collines de Beaumont de Pertuis viendra trouver refuge chez nous.

Sans doute pour faire revivre le premier !



Mais ceci est  encore  une autre histoire .


Nicole