Je suis née en 1949, dans une petite ville de Lorraine. Dans cette période de l'après-guerre, chaque enfant était pour tous, un cadeau du ciel. Mes premières années passèrent ainsi, entourées d'attentions affectueuses. J'étais chez moi, partout.
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A deux ans
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une après-midi, j'ai dû accompagner mon frère au Pensionnat. Arriva l'heure de rentrer. Je refusais.
Soutenue par les supplications de tous ceux que j'avais diverti avec mes imitations, j'y suis revenue le lendemain. Et les jours suivants, pendant trois ans.
une après-midi, j'ai dû accompagner mon frère au Pensionnat. Arriva l'heure de rentrer. Je refusais.
Soutenue par les supplications de tous ceux que j'avais diverti avec mes imitations, j'y suis revenue le lendemain. Et les jours suivants, pendant trois ans.
J'allais y faire la connaissance d'une nouvelle et nombreuse famille, qui était là sans y être, et avait vécu des aventures extraordinaires.
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Parmi eux, le plus cher à mon cœur, était Saint Nicolas. Il avait sauvé d'un boucher cruel, trois petits enfants, coupés en morceaux et mis au saloir.
Mais surtout, il se déplaçait en personne, début décembre, pour nous apporter des cadeaux.
Sa venue était célébrée
par une immense et fervente procession.
Je ne l'ai aperçue qu'une seule fois,
de façon fugace,
mais j'en suis restée émerveillée à jamais,
par les lueurs vacillantes des flammes dans la nuit.
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Tout le jardin d'enfants participait
à la Crèche Vivante qui célébrait
la naissance du Petit Jésus.
Tous les soirs, les mains bien jointes, à genoux au pied de notre lit, nous demandions à ce nouvel ami de nous rendre bien sages. Nous le chargions aussi de protéger tous ceux que nous aimions, que nous énumérions longuement pour retarder le moment de nous coucher.
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Son histoire me ravissait. Sa naissance. L'aide apportée par le Bœuf et l'Ane. L'Étoile guidant les Rois Mages et que je cherchais dans le ciel. Ses deux pères. Sa mère, La Vierge Marie qui était la fille de Sainte Anne. Porter le prénom de sa grand-mère me rendait très fière et c'était un argument qui laissait mon frère sans voix, quand je me disputais avec lui.
Son histoire me ravissait. Sa naissance. L'aide apportée par le Bœuf et l'Ane. L'Étoile guidant les Rois Mages et que je cherchais dans le ciel. Ses deux pères. Sa mère, La Vierge Marie qui était la fille de Sainte Anne. Porter le prénom de sa grand-mère me rendait très fière et c'était un argument qui laissait mon frère sans voix, quand je me disputais avec lui.
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Je venais d'avoir cinq ans
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lorsque nous avons déménagé à Marseille.
lorsque nous avons déménagé à Marseille.
La Cité Radieuse de Le Corbusier
était à peine terminée.
Personne ne voulait y habiter,
et on l'appelait La Maison du Fada.
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Nous y étions peu nombreux,
et très vite, nous avons retrouvé autour de nous,
un monde rassurant, familier et chaleureux.
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J'étais une enfant rêveuse, qui adorait parler, franchissant, sans la voir, la frontière entre ce que les adultes appelaient, vérité et mensonge.
Mon imagination était façonnée par toutes les histoires et les légendes qui m'avaient été racontées.
J'avais la passion des livres, et j'allais très vite pouvoir les lire seule. Mais déjà, j'en avais retenu assez pour en décrypter les images.
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Avec un enchantement qui n'appartenait qu'à moi, je me laissais happer par des univers qui me semblaient tout à fait réels.
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J'avais la passion des livres, et j'allais très vite pouvoir les lire seule. Mais déjà, j'en avais retenu assez pour en décrypter les images.
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Avec un enchantement qui n'appartenait qu'à moi, je me laissais happer par des univers qui me semblaient tout à fait réels.
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J'allais m'y réfugier souvent. Sans doute pour échapper au mien, envahi par un petit frère et une petite sœur qui prenaient beaucoup de place.
Dès la première pièce que j'ai visité,
j'eus un coup de foudre.
Sur un rayon de soleil, un Ange étincelait,
blanc et bleu,
de l'or sur son manteau et ses ailes.
Il inclinait son beau visage pour dire merci,
lorsque l'on glissait une pièce
dans une fente sur sa poitrine
Il inclinait son beau visage pour dire merci,
lorsque l'on glissait une pièce
dans une fente sur sa poitrine
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Nos activités scolaires
étaient bien différentes de celles de La Communale
que fréquentait mon frère aîné.
étaient bien différentes de celles de La Communale
que fréquentait mon frère aîné.
Si nous avions des maîtresses,
c'étaient les Sœurs qui s'occupaient de nous
en dehors de la classe, et nous les adorions.
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Notre journée commençait par la prière,
les yeux fixés sur le Crucifix
soulignaient
les grands moments de l'année.
A midi, avant de nous asseoir
nous rendions grâce à Dieu pour le repas
que nous allions prendre.
que nous allions prendre.
Et nous chuchotions parfois entre nous,
reprenant ce que l'on trouvait
sur nos cahiers,
reprenant ce que l'on trouvait
sur nos cahiers,
qu'il pourrait mieux faire.
Particulièrement le vendredi, jour du poisson.
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Le Catéchisme
Une fois par semaine, nous allions à l'église,
parcourant en rang joyeusement désordonné,
la centaine de mètres qui nous en séparait.
C'était l'occasion d'observer tous les détails
que nous devinions
depuis notre cours de récréation.
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La maison de la cantatrice,
d'où parvenait parfois un chant lointain.
La vapeur qui sortait du soupirail
de la blanchisserie.
L'animation bruyante,
autour des marchands de la place.
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Le contraste était grand entre l'extérieur, inondé de lumière,
et la semi obscurité qui régnait à l'intérieur.
Il flottait dans l'air un reste d'encens
du dimanche précédent.
En entrant, nous plongions l'extrémité
de notre main droite dans le bénitier,
et le Signe de Croix nous mouillait le front.
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L'abbé Pirot
pour lequel je ressentais
une profonde affection,
était bienveillant, toujours souriant,
et son enseignement était à son image.
Il nous parlait du Ciel et de l'Enfer,
nous décrivant le second
comme s'il ne nous concernait pas vraiment,
et s'attardant sur le premier avec lyrisme.
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Ce Ciel
où nous irions rejoindre
ceux qui nous avaient précédés,
était quelque chose de palpable.
où nous irions rejoindre
ceux qui nous avaient précédés,
était quelque chose de palpable.
Comment douter de son existence
quand il suffisait de lever les yeux
pour en saisir la beauté
et tous ses mystères ?
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quand il suffisait de lever les yeux
pour en saisir la beauté
et tous ses mystères ?
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Ce bleu profond parfois teinté de rose
qui s'étendait à l'infini.
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qui s'étendait à l'infini.
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Ces nuages blancs irradiants de soleil.
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Ceux d'un gris sombre
annonçant pluie, orage et éclairs,
que je contemplais
comme une manifestation divine spectaculaire.
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Ceux d'un gris sombre
annonçant pluie, orage et éclairs,
que je contemplais
comme une manifestation divine spectaculaire.
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Ces mirages exerçaient sur moi
une fascination profonde.
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L'Histoire Sainte
différait peu de mes récits familiers.
Jésus y occupait la première place.
Nous le suivions depuis sa naissance
jusqu'à sa Résurrection,
qui m'impressionnait beaucoup plus
que sa Crucifixion.
Les images pieuses nous le montraient
grandissant entre ses parents,
comme un enfant ordinaire.
comme un enfant ordinaire.
Sur l'une d'elle,
dans l'atelier de Saint Joseph,
dans l'atelier de Saint Joseph,
il clouait gaiement deux planches
pour en faire une petite croix.
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Cela m'amenait à le considérer
avec le même regard qu'un personnage
des Contes d'Andersen, mon livre préféré.
Son univers n'était pas le nôtre.
Il venait au monde à Noël.
Vers le mois d'avril, déjà vieux,
il avait déjà terminé sa vie.
Il ressuscitait trois jours plus tard,
pour monter au ciel au mois de juin.
Puis tout recommençait au Noël suivant.
Ce qui m'intriguais,
c'était l'intérêt que les adultes
portaient à cette histoire.
portaient à cette histoire.
J'avais plus de mal avec la Sainte Trinité,
le Père, le fils et le Saint Esprit.
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Ma mère en était en partie responsable.
Elle ne cessait de répéter,
en découvrant nos bêtises,
et notre peu d'empressement à les reconnaître,
... ça ne c'est pas fait
par l'opération du Saint Esprit !
Elle ne cessait de répéter,
en découvrant nos bêtises,
et notre peu d'empressement à les reconnaître,
... ça ne c'est pas fait
par l'opération du Saint Esprit !
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Un jour, en calcul, interrogée sur les 4 opérations,
j'ajoutais fièrement après les avoir énumérées,
qu'il en manquait une.
j'ajoutais fièrement après les avoir énumérées,
qu'il en manquait une.
Ah bon, et laquelle ?
Celle du Saint Esprit !
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Ma réputation de clown en sorti grandie,
mais je me sentis, pour une fois,
injustement punie,
en faisant mes tours de cours
à la récréation suivante.
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Certaines images figurent depuis longtemps dans mes dossiers personnels. Je ne peux en citer les auteurs. Je retirerai tout document litigieux, si l'on m'en fait la demande en laissant un commentaire
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