jeudi 12 février 2009

Anne | Le concert des carillons

jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj Gaston, dont le visage respire la bonté,
était à Bouzonville le meilleur ami de mon père.
Pas l'un de ces amis d'enfance qui a tout partagé,
avec qui votre vie s'est tellement entremêlée,
qu'on ne sait plus très bien où commence l'une
et où finit l'autre.
Un ami, comme l'on rencontre parfois un jour,
et qui provoque le sentiment étrange
de l'avoir toujours connu...
Cela même une petite fille de quatre ans
est capable de le percevoir.
YYYYYYYYYYYHHjjjjjjhhhhhhh
jjjjjjjjjuuuuuuuukkkkkkkkkkkkk
C'est grâce à cette pendule qu'ils ont fait connaissance
en 1946
Mon père venait d'arriver dans cette petite ville.
C'était la première fois qu'il vivait seul,
et il s'installait.
Chez l'horloger bijoutier l'accueil fut un peu distant,
comme il peut l'être avec quelqu'un qui n'est pas d'ici...
On discute, mon père se présente,
et j'imagine la stupéfaction !
jjjjjjjjjjjjjjjj
kkkkkkLe nouvel ingénieur des Ponts et Chaussées ! ?
Ce tout jeune homme qui semble n'avoir pas vingt ans,
c'est lui qui va être responsable de la reconstruction
des routes et des ponts détruits par la guerre ! ?
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Il fut si ardu à la tache
qu'il suscita très vite l'admiration et l'affection générale.
hhhhhhh
Et cette affection
nous en avons tous ressenti la douceur...
Chez Gaston en particulier, nous étions comme chez nous.
Ses parents nous choyaient,
et lui m'a permis de vivre des moments
dont je garde à jamais en moi l'enchantement.
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
J'aimais rester avec lui
dans cet espace merveilleux qu'était la bijouterie.
Les murs étaient recouverts de pendules
et de carillons comme celui-ci,
qui a sonné tous les quart d'heures
de la vie de ma grand-mère.
hhhhhhhhhhh
hhhhhhhhhhh
Tous indiquaient l'heure
mais avec une ou deux minutes de décalage.
Et cela donnait, à intervalles réguliers,
un joyeux concert de mélodies différentes.
iiiiiiiiii
Ma préférée était celle du carillon de Westminster
1 2 3 4 hhhh1 2 3 4 hhhh1 2 3 4 hhhh1 2 3 4
dingj dingk ding jdingj ding lding
.......................jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
DdBien longtemps après,
il m'arriverait de jouer ces quelques notes sur mon piano
pour le plaisir de me sentir sourire...jjjjjjjjjjjjjj
J'aimais surtout le regarder travailler.
Il m'installait en face de lui sur un haut tabouret
et je ne quittais pas ses mains des yeux.
.....................
Ses gestes dessinaient dans l'espace
une sorte de ballet rapide.
Il démontait le mécanisme d'une montre,
nettoyait et remettait à leur place
toutes ces pièces minuscules,
refermait le boîtier, tournait le remontoir,
vérifiait à l'oreille la présence du tic-tac,
et passait à une autre.
jjjjjjjjjj
nnnnnnn
J'avais la permission de toucher les montres
qui attendaient leur tour.
J'admirais les bracelets de cuir,
les boîtiers tous différents.
Ceux très anciens qui pendaient au bout d'une chaîne.
Je faisais semblant de lire le nom écrit
sur les petites étiquettes attachées avec un fil rouge.
.......................
Comme j'étais très bavarde et très observatrice,
je meublais le silence de commentaires
qui le faisaient beaucoup rire.
hhhhhhhhhhhhhhhh
Ce qui me laissait sans voix,
parce que cela me plongeait dans une profonde rêverie,
c'était de le regarder graver les alliances.
Il traçait en fins caractères
les prénoms et la date,
et il me promettait chaque fois
le jour où tu te marieras
je graverai la tienne.
......................................
C'était cette idée qui me réduisait au silence.
Ainsi moi aussi j'allais me marier !
Et avec qui ?
Je passais en revue tous les garçons de mon entourage.
Je ne voyais que Jean Marc.
Je me demandais s'il fallait que je le prévienne ?
Je n'allais jamais bien loin dans ces questions essentielles,
car Gaston inquiet de ne plus m'entendre m'interpellait.
Et je redescendais vite les deux pieds sur terre
dans les chaussures de mes quatre ans...
yyyyyyyyyyyyyyyy
Quand je me suis mariée plus de quatre décennies plus tard,
j'avais déjà une fille digne de sa mère,
hhhhhhhhhhhhh
je vivais avec son père depuis vingt ans
et nous n'avons même pas songé aux alliances.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
De toute façon j'aurai refusé.
Gaston n'était plus là
et je n'aurai jamais pu accepter l'idée
de lui faire trahir sa promesse...













 








souvenirs d'enfance

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il m'arrive encore de m'attarder dans les brocantes ou chez les antiquaires sur ces carillons anciens qui scandent de leurs TIC TAC, le temps d'une époque ancienne et révolue et qui en l'espace d'un instant me transportent dans l'univers feutré de cette enfance déjà partie...pour ce grand voyage du Temps.