..
C'était un son dont je voulais vérifier la présence.
Clé ma ti te.
Un son qui n'appartenait qu'à moi,
et que je n'associais à aucune image.
lI était rare, secret comme une bille en verre,
et teinté de mystère.
Je ne savais pas que d'autres petites filles
pouvaient faire la même chose.
Et j'ai été aux anges quand plus tard,
j'ai découvert en lisant Colette,
l'histoire de Bel Gazou et de son presbytère.
.
.
J'avais une autre raison d'adorer cette page.
La maison que l'on y voyait ressemblait
à celle d'une compagne de classe.
Appelons la Emma...
Elle ne m'aimait pas, je le lui rendais bien.
Elle m'avait joué un sale tour
que je n'ai jamais oublié.
Plus que sa maison,
ce qui rendait précieux ce souvenir, c'était sa rue.
L'Allée des buis.
. Elle formait avec le boulevard Marin
la fin de mon itinéraire favori.
Deux rues minuscules bordées de petites maisons.
Mais si le boulevard Marin
était sans charme particulier,
l'Allée des buis méritait bien son nom.
Elle croulait sous la verdure.
Platanes et tilleuls centenaires,
bosquets fleuris dont les couleurs et les senteurs
se mêlaient avec nonchalance.
C'est dans cette rue que je découvris le Seringua
son parfum délicat,
ses fleurs d'un dessin parfait,
et la pluie de pétales qui formaient un tapis
sur lequel je n'osais marcher.
.
Depuis notre arrivée à Marseille,
la vie était vraiment des vacances,
mais elles semblaient sans fin.
On m'avait acheté un beau cartable en cuir,
une ardoise avec une petite éponge,
et un plumier décoré d'une jolie gravure.
Je ne ce cessais de les contempler,
en guettant avec une impatience
qui allait en s'amplifiant,
qui allait en s'amplifiant,
le jour de ma rentrée à la Grande École.
.
En faisant mes premiers pas dans la cour,
je fus à la fois déçue et ravie.
Déçue parce que je ne voyais pas de différence
avec mon ancienne école,
et ravie pour les mêmes raisons.
Nous étions beaucoup plus nombreuses,
mais l'atmosphère était à l'identique,
chaleureuse et familiale.
.
C'est en rentrant dans la salle de classe
que je pus enfin savourer ma fierté.
Au lieu du joyeux tohu-bohu de l'an passé,
nous nous sommes installées
chacune devant un pupitre à soi.
Mademoiselle Fleury
qui semblait toute contente d'être là avec nous,
distribua les cahiers et le livre de lecture.
Je le reçus comme un cadeau précieux.
Et il devint, sans me lasser jamais,
le fidèle compagnon de ma 11ème..
.
.
Je le ramenais à la maison,
me dépêchant de faire la leçon aux deux petits.
Il est interdit d'y toucher
et d'abord c'est pour mon travail !
Les choses mises au point
j'écourtais mon goûter,
pour regarder MON livre. .
J'étais fascinée par sa couverture.
Bien qu'elle fut vite cachée
par le papier bleu
qui protégeait nos livres de classe,
elle s'est gravée dans ma mémoire
avec une précision photographique..
Ces deux enfants
assis dans l'herbe sous un pommier,
je leur ressemblais.
Nous étions tous les trois en train de lire
pour le plaisir,
après la classe.
.
Mais c'est un détail particulier qui me médusa.
La petite fille tient son livre de telle façon,
que l'on peut voir sur la couverture
la même petite fille y lire le même livre,
et en regardant attentivement
on peut en distinguer une troisième
puis une quatrième...
C'est ainsi que je fis connaissance avec
le mystère de l'infini.
Je le ramenais à la maison,
me dépêchant de faire la leçon aux deux petits.
Il est interdit d'y toucher
et d'abord c'est pour mon travail !
Les choses mises au point
j'écourtais mon goûter,
pour regarder MON livre. .
J'étais fascinée par sa couverture.
Bien qu'elle fut vite cachée
par le papier bleu
qui protégeait nos livres de classe,
elle s'est gravée dans ma mémoire
avec une précision photographique..
Ces deux enfants
assis dans l'herbe sous un pommier,
je leur ressemblais.
Nous étions tous les trois en train de lire
pour le plaisir,
après la classe.
.
Mais c'est un détail particulier qui me médusa.
La petite fille tient son livre de telle façon,
que l'on peut voir sur la couverture
la même petite fille y lire le même livre,
et en regardant attentivement
on peut en distinguer une troisième
puis une quatrième...
C'est ainsi que je fis connaissance avec
le mystère de l'infini.
. En retrouvant mon livre bien des années après,
j'ai tourné les pages le cœur battant.
Allais-je revoir avec le même enchantement
celle qui fut ma préférée ?
.j'ai tourné les pages le cœur battant.
Allais-je revoir avec le même enchantement
celle qui fut ma préférée ?
C'était un son dont je voulais vérifier la présence.
Clé ma ti te.
Un son qui n'appartenait qu'à moi,
et que je n'associais à aucune image.
lI était rare, secret comme une bille en verre,
et teinté de mystère.
Je ne savais pas que d'autres petites filles
pouvaient faire la même chose.
Et j'ai été aux anges quand plus tard,
j'ai découvert en lisant Colette,
l'histoire de Bel Gazou et de son presbytère.
.
.
J'avais une autre raison d'adorer cette page.
La maison que l'on y voyait ressemblait
à celle d'une compagne de classe.
Appelons la Emma...
Elle ne m'aimait pas, je le lui rendais bien.
Elle m'avait joué un sale tour
que je n'ai jamais oublié.
Plus que sa maison,
ce qui rendait précieux ce souvenir, c'était sa rue.
L'Allée des buis.
. Elle formait avec le boulevard Marin
la fin de mon itinéraire favori.
Deux rues minuscules bordées de petites maisons.
Mais si le boulevard Marin
était sans charme particulier,
l'Allée des buis méritait bien son nom.
Elle croulait sous la verdure.
Platanes et tilleuls centenaires,
bosquets fleuris dont les couleurs et les senteurs
se mêlaient avec nonchalance.
C'est dans cette rue que je découvris le Seringua
son parfum délicat,
ses fleurs d'un dessin parfait,
et la pluie de pétales qui formaient un tapis
sur lequel je n'osais marcher.
.
.Cette Ronde qui symboliquement achève le livre
je la relisais souvent.
Elle créait en moi le même frisson que le
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
que l'Ange Boufaréou lançait à travers le ciel
à la fin de la Pastorale des Santons.
.
.Il y a dans les souvenirs
liés à la lecture de mes deux premiers livres,
quelque chose de très troublant.
On pourrait l'intituler emphatiquement,
de l'influence des premières images
sur la construction de la personnalité.
.Dans Gédéon,
l'identification à ce personnage et à sa différence,
la solitude qu'elle entraîne,
mais aussi la richesse qu'elle représente.
Et puis j'ai toujours été envoûtée
par le clair-obscur de la nuit,
la lune, les paysages en ombres chinoises
où se détache l'intérieur éclairé des maisons.
je la relisais souvent.
Elle créait en moi le même frisson que le
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
que l'Ange Boufaréou lançait à travers le ciel
à la fin de la Pastorale des Santons.
.
.Il y a dans les souvenirs
liés à la lecture de mes deux premiers livres,
quelque chose de très troublant.
On pourrait l'intituler emphatiquement,
de l'influence des premières images
sur la construction de la personnalité.
.Dans Gédéon,
l'identification à ce personnage et à sa différence,
la solitude qu'elle entraîne,
mais aussi la richesse qu'elle représente.
Et puis j'ai toujours été envoûtée
par le clair-obscur de la nuit,
la lune, les paysages en ombres chinoises
où se détache l'intérieur éclairé des maisons.
.
Sur la couverture de mon livre de lecture
le dessin reproduit de plus en plus petit à l'infini,
représente pour moi,
un passage secret vers un ailleurs
que, je le pressentais, tous ne cherchaient pas.
Cet abri m'a permis de m'identifier,
et d'habiter l'âme de ceux qui me touche.
La Ronde, elle, m'a sensibilisée à l'idée
d'un monde où chacun aurait sa place,
et m'a rendu intransigeante face à l'injustice.
.
Enfin, si l'un de mes plus grands plaisirs
est d'avoir un bon livre entre les mains,
un plaisir plus grand encore
est de le lire allongée dans l'herbe.
Et si en plus c'est sous un pommier,
que je n'ai qu'à tendre la main
pour pouvoir croquer mon fruit préféré,
je suis au paradis
et seul un serpent pourrait m'en déloger !
Tiens c'est bizarre, cela me rappelle quelque chose.
J'ai déjà dû lire ça quelque part...
Sur la couverture de mon livre de lecture
le dessin reproduit de plus en plus petit à l'infini,
représente pour moi,
un passage secret vers un ailleurs
que, je le pressentais, tous ne cherchaient pas.
Cet abri m'a permis de m'identifier,
et d'habiter l'âme de ceux qui me touche.
La Ronde, elle, m'a sensibilisée à l'idée
d'un monde où chacun aurait sa place,
et m'a rendu intransigeante face à l'injustice.
.
Enfin, si l'un de mes plus grands plaisirs
est d'avoir un bon livre entre les mains,
un plaisir plus grand encore
est de le lire allongée dans l'herbe.
Et si en plus c'est sous un pommier,
que je n'ai qu'à tendre la main
pour pouvoir croquer mon fruit préféré,
je suis au paradis
et seul un serpent pourrait m'en déloger !
Tiens c'est bizarre, cela me rappelle quelque chose.
J'ai déjà dû lire ça quelque part...