mardi 31 mars 2009

Il était une fois...

1. Planter le décor


L'histoire commence ici,
devant la porte de cette petite école
dont nous avons toute notre vie,
conservé un souvenir lumineux.
Le jour, où séparément,
et sans nous connaitre,
nous en avons franchi le seuil,
nous étions loin de nous douter
que par la magie
d'une bouteille jetée à la mer,
ce passé allait revivre.
Éternelle jeunesse restée intacte.

École Sainte Anne
18 rue Thieux
Marseille 8ème.

Ce fut la clé pour évoquer
ce qui ressemble aux pièces d'un puzzle.
Une génération un peu spéciale 
qui a grandi dans les années 50 et 60.

Ces images qui émergent, l'une après l'autre, 
comme de petites iles,
vous ferons voyager dans le temps et dans l'espace.
L'école, notre quartier, 
ceux qui nous sont chers, 
nos livres, nos bêtises,
nos souvenirs de vacances, 
les endroits qui nous ont vu grandir 
et nous ont gardées en mémoire... 


2. Nicole et Anne





Nicole | Le Passeport.

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NICOLE
Cette photo figure sur le passeport de ma mère
à coté de la sienne.
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Dans les années 50,
c'était une formalité obligatoire pour aller en Italie.
A cette époque,
ma grand mère maternelle était déjà atteinte par la maladie de Parkinson
et la charge d'une personne dépendante était devenue bien trop lourde pour mon pépé.
Ce fut en grande partie la cause de notre retour à Marseille en 1953,
après quatre années passées à Sète.
Ma mère désirait  être auprès de la sienne.
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Cet été là, nous devions tous partir en Italie.
Pour mes grands parents maternels c'était un retour vers leurs racines.
Pour mon petit frère et moi
c'était la première fois !
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Maman décida donc de m'emmener chez le photographe
pour faire la photo du nouveau passeport .
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je n'aimais pas cela !
Prendre la pose , sourire à la commande,
ne me convenait guère.
Et puis cela aurait sans doute été un moindre mal,
si comme d'habitude,
lorsque je sortais en promenade avec maman
j'avais pu emmener mon poupon Alain.
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Ce jour là, catégorique,
ma mère refusa jugeant sans doute  Alain trop encombrant. 
Vexée, je ruminais  en silence tout le long du chemin
quelle pourrait  être ma vengeance.
Une idée ne tarda pas à me sourire !
J'allais saboter la photo...
Je n'aurai qu'à attendre l' instant bref
ou le photographe, caché derrière sa grosse boite noire, me dirait
" Fais moi  un joli sourire , le petit oiseau va sortir !"
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_Savourant cette idée avec une  certaine  jubilation 
Je présenterai ainsi  à la postérité,
à l'instant fatidique ou le flash jaillirait de la drôle de machine,
le portrait inédit de ce que ma mère nommait
ma " Mauvaise tête ".
Pinçant les lèvres  de toutes mes forces 
afin de n'esquisser aucun  sourire,
j'offris à ce moment là  au photographe
le visage de ma revanche.
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Quelques jours plus tard
maman revint  brandissant  la photo,
sans doute amusée par ce portrait insolite,
me prévint gentiment.
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_"Nicole !
 nous retournerons demain  chez le photographe.
 tu vois ! cette photo je vais la garder ,et  lorsque tu seras une  grande fille ,
je la montrerai à ton fiancé.
Comme cela il aura un aperçu du spécimen qu'il va prendre  "
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Mais peu m'importait 
cette menace ne me préoccupait guère!
j'aimais mille fois plus mon poupon Alain...
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Le lendemain,
nous sommes reparties toutes deux chez le photographe
Alain cette fois nous a accompagné.
La seconde photo fut  faite et le photographe obtint ce jour là  mon plus beau sourire 

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Ce qu'il advint de la photo ?
Ma mère l'a rangée soigneusement dans un coffret.
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Bénéficiant sans doute
de  l'indulgence maternelle,
je n'eus jamais à rougir devant un futur prétendant
de mon évidente mauvaise humeur.
Maman,
L'avait elle vraiment oubliée ?
ou bien s'était elle souvenue qu'à dix ans
elle  aussi était la championne
de tous les concours de grimaces de son quartier.
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Hier, lorsque je l'ai retrouvée
au milieu de toutes les photos de famille
sur mon visage s'est dessiné
un sourire amusé empreint d'une indéfinissable  nostalgie...
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Anne | Deux amies d'enfance


.
ANNE

;


  Nicole et Anne
Deux petites pestes sympathiques
qui dès le départ
avaient tout pour s'entendre.
Elles adoraient
leurs maillots
à smocks. 
Elles ont bu
les mêmes tasses 
tchin, tchin...
...........................
d'abord à la mer, ...................
ensuite à la piscine
du Chevalier-Roze-Sport
dont les leçons de natation
étaient le cauchemar de chaque semaine..
..................................
Nicole habitait au Trioulet.
Anne au Corbusier.
Le Boulevard Michelet à traverser...
Nicole le faisait souvent
pour venir jouer dans le parc.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
C'est en 1954, à cinq ans, qu'Anne
fait ses premiers pas
à l'école Sainte Anne.
Un an plus tard
Nicole la rejoint.
Après la classe,
comme tous les enfants du quartier
elles allaient chez Crotte.
Et parmi tous les bonbons, elles préféraient
le Coco Boër et ses jolies boites en métal.
jjjjjjjjjjjjjjjjj
Trois années les séparaient.
Elles vivaient dans des mondes parallèles.
Mais Nicole aimait jouer avec les petites.
Et elles ont ensembles
passé pompom les macarons,
sauté à la corde,
et joué à la balle sur le mur de la Cantatrice.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Et l'histoire s'est arrêtée là.
Elles ne se sont pas connues.
Anne a quitté l'école quatre ans plus tard.
Elle avait dix ans
rentrait au lycée.
Et ce qui aurait dû être
un valorisant rituel de passage
sur le chemin de l'adolescence,
ne fut que le sentiment douloureux
d'un paradis à jamais perdu.
;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
La vie passe...
Toutes les deux ont exercé le même métier,
aimé les films en noir et blanc des années 50,
sont devenue mères,
ont vieilli.
...............
Hantées par le souvenir de leur école,
elles s'inscrivent sur l'un de ces sites de recherche,
et jettent une bouteille à la mer...
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Il y a des rencontres qui sont écrites
depuis toujours.
Il suffit d'attendre le jour et l'heure.
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Quand ce blog a commencé
elles en étaient au même point.
Un décor commun,
qui reprend vie au fil des souvenirs qu'elles évoquent
et illustrent de leurs photographies.
hhhhhhhhhhhhhhhhh
Et le jour et l'heure arrivent.
Sur l'une d'elle,
Nicole reconnait cette petite fille
qu'elle percevait comme différente des autres,
proche d'elle, sans savoir pourquoi.
;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
C'est le début d'une autre histoire.
Les années se sont envolées.
Soudain à l'école, voilà que nous nous parlons.
Nous faisons ensemble mes tours de cour.
Nous devenons inséparables, complices, confidentes.
L'alter ego qui permet de tout dire
de tout comprendre.
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Des amies à la vie à la mort.
Voilà
c'est comme ça et pas autrement !



Lire notre réponse aux commentaires de ce récit



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lundi 30 mars 2009

Nicole | La Piscine.


NICOLE



A l'école Coin Joli
au programme de l'année scolaire  
il y avait "Piscine"
Rien que l'évocation de ce mot provoque encore en moi un souvenir cuisant.
J'adorais aller à la mer
mais je ne savais pas vraiment nager.
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Mes parents qui étaient d'excellents nageurs aimaient aussi la randonnée.
Nous allions souvent à Port Pin ou à Sormiou passer la journée.
J'avais trois ans, lorsque j'ai" bu" ma première tasse "
alors que je jouais tranquillement avec mon seau
ma tête plus lourde que le reste,
fit  soudain connaissance avec  l' eau.

Méfiante 
je ne nageais plus qu'en compagnie de mon amie la  bouée.

Le temps était venu d'apprendre...
Me voila donc partie, confiante et ravie,
sur le boulevard Michelet,  avec mes petits camarades,en rang d'oignons,
accompagnée par  la maîtresse de la  classe,
jusqu'à la piscine du Chevalier Roze Sport.
_J'avais pris mon petit sac du goûter,
mis mon maillot smockés
et attachée mes cheveux  bien serrés en un chignon au dessus de la tête
pour ne pas les mouiller.
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Ensuite tout ce qui suit va se dérouler comme un film comique
Tel les films muets qui passaient l'après midi  à la Télé.
__J'avais été absente la semaine précédente lors de  la première leçon.
Les groupes de natation avaient déjà été formés.
Il y en avait trois.
Les débutants dans le premier,
ceux qui possédaient quelques rudiments de natation dans le second
et dans le dernier ceux qui étaient là pour apprendre à plonger.
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N'ayant été mise dans aucun d'entre eux,
un peu perdue, ne sachant ou aller,
j'ai suivi timidement le troisième.
N'osant pas dire non plus que je ne savais pas nager,
lorsque ce fut à mon tour de plonger,
je fus contrainte de sauter.
Ce que je fis courageusement,
à pieds joints,
m'en remettant à mon ange gardien.
_____________________________________________________
Comme un  paquet jeté à l'eau, j'ai touché le fond
Ouvrant la bouche pour crier,
essayant désespérément de respirer,
remontant à la surface, pour redescendre aussitôt,
 criant et suffoquant, buvant toute l'eau de la piscine,
jusqu'au moment ou,
mon ange gardien  passant par là,
 voyant mon désarroi, me rattrapa par le chignon.
__________________________________________________________
Mes larmes mélées  à l'eau de la piscine,
n'ayant pas vraiment compris ce qui m'arrivait,
je jurais que l'on ne m'y reprendrait plus.
Je fus  tellement honteuse que je n'ai jamais rien dit à mes parents,
et j'ai continué pendant toute l'année scolaire,
comme si de rien n'était,
à me rendre dignement au Chevalier Roze,
avec mon petit maillot smocké
mon petit chignon bien fait
et mon panier du goûter.
_________________________________________________________
Comme tous  les autres élèves  , je posais mon sac au vestiaire, me déshabillais,
mettais mon maillot, mon bonnet  
puis furtivement et sans bruit, évitant d'attirer l'attention,
je me glissais en haut des gradins
me cacher derrière les projecteurs.
Du haut de ce promontoire,
m'imaginant protégée,
je pouvais à loisir d'un seul regard surveiller  la piscine
tout en gardant un oeil sur mon ennemi 
"le maître nageur"
________________________________________________
Aux questions de ma mère,
je répondais par un désinvolte
"je me suis bien amusée!"
Et c'est ainsi qu'une fois par semaine,
 durant toute l' année scolaire
je lui ai menti.
______________________________________________
J'ai appris à nager bien plus tard.
Mais,  plus jamais,  je ne suis retournée au Chevalier Roze Sport !
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Nicole.
________________________________________
"C'est plein de chlore au fond de la piscine,
J'ai bu la tasse, tchin, tchin."
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Paroles Serge Gainsbourg.






 Le passeport





Deux amies d'enfance











mardi 17 mars 2009

Anne | Le-Chevalier-Roze-Sport

..

gggggggggggggg
Notre installation à Marseille
me fit découvrir les joies de la baignade.
.......................
J'adorais mon maillot à smocks
Je me sentais vraiment d'ici quand je le portais.
Et quand je le portais... nous allions à la mer !
Je nageais,
j'avais ma bouée de liège.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj

Après un ou deux étés
il fut question de leçons de natation.
Et nous voilà partis, mon frère et moi,
main dans la main,
vers Le-Chevalier-Roze-Sport.
Il suffisait de traverser le boulevard Michelet
et de longer la contre-allée bordée de platanes,
pour arriver devant le bâtiment blanc
où ces mots étaient inscrits sur le mur.
Je savais lire et c'est ainsi
qu'ils se sont gravés dans ma mémoire,
liés entre eux
comme les panneaux de liège de ma bouée.
.....................................
Il faudrait pouvoir projeter simultanément
deux séquences
qui raconteraient en parallèle
ce que fut cette expérience
étrange.
.......................
Les leçons se suivaient à l'identique.
Je descendais le long de l'échelle,
ne quittant le dernier barreau
que lorsque j'étais agrippée à la perche de bois
du maître nageur.
Et commençait mon calvaire...
Vous me promettez de ne pas me lâcher ?

 Il promettait, me lâchait au bout de quelques mètres,
je buvais la tasse, et pendant que je tâtonnais
pour trouver une prise sur le bord
il entonnait la même phrase,
si tu arrives au bout je te paye une cassate !
................
 

Au bout je n'y suis jamais arrivée, ni même à la moitié.
Quand mon frère sut nager
mon père eut la sagesse de ne pas insister.
J'ai conservé ma bouée jusqu'au jour
où soudain, c'est venu tout seul.
J'avais 12 ans !

. 
Le décor reste le même...
Là commence l'enchantement.

.Je découvrais cette étendue d'eau bleutée
où le soleil dessinait des lignes mouvantes.
Les murs blancs reflétaient la lumière
et j'étais fascinée par un ensemble de sensations.
Il y avait l'odeur du chlore, les cris joyeux,
les éclaboussures des plongeons bruyants.
Et si j'ai vite oublié l'épisode peu glorieux des leçons,
je fus envoûtée par le charme de ces instants.

.
..................................................
 .


Je pense souvent à cette cassate que je n'ai jamais eue.
A l'époque j'en mourrai d'envie.
C'était une glace triangulaire
enveloppée de papier dorée qui se dégustait
à la cuillère
assise à une terrasse de café.
Adulte, j'aurai pu m'en offrir autant que je voulais.
Je ne l'ai jamais fait.
Il y des saveurs qu'il ne faut pas chercher à retrouver.
Son nom suffit à évoquer le désir
et une suite d'images colorées, éclatantes de lumière...

qui ont la saveur d'un désir d'enfant.
.
.....................................................
Emprunts
La première photographie à Laurent Askienazy
A David Hockney un détail de
A bigger splach






 

Deux amies d'enfance
.


souvenirs d'enfance

lundi 9 mars

dimanche 15 mars 2009

Anne | Les battements de mon coeur

JJJJJJ
888888888888
C'était le tout début de notre nouvelle vie.
On m'appelait encore Annette.
Un soir à l'heure du coucher
Maman me déshabille.
Elle m'enlève mon chemisier,
pose sa main sur ma poitrine
et murmure
je peux sentir battre ton cœur...
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj

88888888888888888
J'ai vécu cet instant
comme quelque chose de merveilleux,
un moment de tendresse inouï
qui semblait m'entourer toute entière...
Je me suis senti redevenir toute petite
comme si j'avais retrouvé ce nid
d'avant la naissance.
Et j'ai cru longtemps,
que seule une maman
pouvait sentir battre le cœur de sa petite fille...




 



La piscine





souvenirs d'enfance

dimanche 8 mars 2009

Nicole | Je ne connaissais pas son prénom...


NICOLE



Mais son visage était dessiné ainsi dans ma mémoire.
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En voyant cette photo
une émotion  de petite fille a soudain ressurgie,
telle une reconnaissance, oubliée durant des années,
mais toujours aussi présente
comme si  par magie  elle avait été figée sur une pellicule
en même temps  que ce visage enfantin et grave.
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Visage qui m'a interpellé
aujourd'hui, hier, il y a 52 ans,
dans la cour de récréation d'une petite école,
comme si  j'avais déjà ressenti  toute la gravité,
la profondeur et les questionnements de cette petite fille,
si différente des autres  et pourtant si semblable
à moi même.
_______________________________________________
Nicole.




particulièrement la fin du texte

clic

vendredi 6 mars 2009

Nicole | Poème à mon amie


NICOLE





Lorsque le soir, le froid glace mon coeur
et obscurci mon âme
je pense à elle.
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Lorsque le jour, les oiseaux ne chantent plus
que le soleil s'est tu
je pense à elle.
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______________________________________
Quand tout est triste dans ma vie
et quand tout est gai aussi
je pense à elle.
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Quand dans ses yeux plein de tendresse
je crois entrevoir ma détresse
je pense à elle.
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Pourtant je n'ose lui dire, à elle,
ma douce, ma soeur, mon amie
combien je l'aime...
___________________________________________

___________________________________
Nicole.

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Poème écrit pour mon  amie
croquis fait en cours de dessin au temps de l'école Sainte Anne.










 








dimanche 1 mars 2009

Anne| Son prénom était Françoise...

hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
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C'est là que nous vivions, au Corbusier.
Sa famille était déjà installée à notre arrivée en 1954.
La Maison du Fada n'attirait pas les foules.
Ce paquebot,

sortit de terre entre deux petits châteaux
et ce qui ressemblait encore à la campagne,
avait bien du mal à se faire une place.

.
L'état, partie prenante de sa construction,
décida d'y loger des fonctionnaires.
Mon père en faisait partie.
D'autres appartements furent attribués
à ceux qui avaient subit des dommages de guerre.
Son père était de ceux-là.
Il était, d'après l'annuaire des habitants,
administrateur en chef. F.O.M.
Ce qui semble avoir un rapport avec l'Outre Mer,
mais tout ce que je sais, c'est qu'ils vivaient
entre Madagascar et Marseille.
.
-------------
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Nous étions proches parce que
nos mères participaient toutes deux aux Heures d'Amitié,
un mouvement lié à la paroisse.
Nous fréquentions les mêmes écoles.
Ils étaient six enfants et nous quatre,
mais aucune des trois filles n'avait mon âge.
Pomponette était plus jeune,
Annick avait trois ans de plus que moi
et Françoise sept ou huit ans...
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Elle s'est tuée à 19 ans sur son vélosolex
pendant un séjour à Tananarive.
Je garde simplement le souvenir de l'apparition
dans la chambre de mes parents, d'une photographie.
Un visage rayonnant, éclatant de vie,
que mon regard croisait tous les jours.
.
Ce n'est qu'un an plus tard que j'ai pris conscience
que ce sourire, cette jeunesse avaient disparu.
Pendant ces Heures d'Amitié
dont chaque réunion tournait autour d'un thème,
il y avait souvent la projection d'un petit film.
Qui avait bien pu décider du choix de celui-là,
Les rites funéraires à Madagascar ?
On y voyait l'exhumation des corps
et leur préparation définitive pour un dernier adieu.
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La réunion prit fin très vite,
Jacqueline, sa mère, ayant eu un malaise.
.
C'est le récit de ce moment
qui m'a fait comprendre ce qu'était La Mort.
La disparition définitive, ce qu'il advient du corps.
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Pomponette qui avait une dizaine d'années,
expliquait qu'elle avait l'interdiction
de sortir du parc du Corbusier.
Interdiction qu'elle bravait en permanence.
Elle traversait le boulevard Michelet,
pour aller chez une amie au Parc Sévigné.
Et j'ai ressenti la douleur de la perte d'un enfant
et la crainte qui entoure la vie des autres.
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjj
Je n'ai pas la photo de Françoise.
Cette enfant de 8 ans est sa soeur Annick.
Je tenais à ce que cette évocation se termine sur un sourire...
jjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjjj

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Quelque chose d'impérieux m'a poussée à écrire ce texte. Je regardais les photos de classe de notre école. Je reconnaissais Annick mais pas Françoise. Il y avait bien cette fillette au visage fermé et presque triste. Mais s'est superposé celui que je connaissais, un sourire plein de vie et déjà mort. Je crois que ce que j'ai ressenti, c'est le besoin de le sortir de l'oubli.
La vraie mort, c'est lorsque plus personne ne parle de vous...

Quelque jours plus tard, quelque chose d'aussi impérieux m'a fait rechercher ses frères et soeurs.
J'en ai trouvé un. Je me suis souvenue aussi de la mort de l'un d'eux il y a quelques années. Je n'arrivais pas à mettre un visage sur ce prénom. J'ai écrit une lettre, je proposais cette photographie. Évoquait le lien de nos deux familles, et le souvenir des années où nous vivions côte à côte.
Je ne l'ai pas envoyée.  Je crois que l'évocation du passé de cette grande famille dont je sais la moitié déjà disparue pouvait être cruellement vécue. Je l'ai gardée... et l'ai perdue.





 
 Les battements de mon coeur
  




Poème pour mon amie







 
souvenirs d'enfance